Antigone (T)

Antigone
Jean Anouilh



Le roi de Thèbes, Œdipe, est mort. Il avait deux fils et deux filles. Ses deux fils, héritiers du trône, se sont entre-tués. C'est donc son beau-frère, Créon, qui reprend le pouvoir. Celui-ci décide d'enterrer dignement le premier frère mais laisse le corps du deuxième, considéré comme traitre au royaume, pourrir à l'air libre, défendant quiconque de le recouvrir de terre.
Antigone est à la fois la nièce et la bru de Créon, le nouveau roi. C'est une jeune femme noiraude et triste. Bravant l'autorité de son oncle, elle décide d'enterrer son frère, même si elle risque la peine de mort.
  
Mon prof de français m'avait donné ce livre à lire. Lors de la première lecture, j'ai trouvé cette pièce complètement inintéressante. Mais après l'avoir étudiée en classe, j'en ai découvert tout l'intérêt : Antigone, symbole de la résistance, son opposition avec son oncle qui représente le pouvoir, son refus d'entrer dans le monde des adultes, sa résolution à suivre son destin et à mourir ; et puis tous les parallèles avec la Résistance en France pendant la Seconde Guerre mondiale. J'ai même fini par présenté cette pièce à l'épreuve d'histoire des arts du Brevet des collège.
 

Édition : La Table Ronde
Genre : Pièce de théâtre
Nombre de pages : 123
   

Une lettre d'adieu :
ANTIGONE

     Si. Garde la bague et écris. Mais fais vite... J'ai peur que nous n'ayons plus le temps... Écris : "Mon chéri..."


LE GARDE, qui a pris son carnet
et suce sa mine.
  
     C'est pour votre bon ami ?


ANTIGONE

     Mon chéri, j'ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m'aimer...


LE GARDE, répète lentement
de sa grosse voix en écrivant.

     "Mon chéri, j'ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m'aimer..."


ANTIGONE

     Et Créon avait raison, c'est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs. J'ai peur...


LE GARDE, qui peine sur sa dictée.

     "Créon avait raison, c'est terrible..."


ANTIGONE

     Oh ! Hémon, notre petit garçon. Je le comprends seulement maintenant combien c'était simple de vivre...


LE GARDE, s'arrête.

     Eh ! dites, vous allez trop vite. Comment voulez-vous que j'écrive ? Il faut le temps tout de même...


ANTIGONE

     Où en étais-tu ? 


LE GARDE, se relit.

     "C'est terrible maintenant à côté de cet homme..."


ANTIGONE

     Je ne sais plus pourquoi je meurs.


LE GARDE, écrit, suçant sa mine.

     "Je ne sais plus pourquoi je meurs..." On ne sait jamais pourquoi on meurt.


ANTIGONE, continue.

     J'ai peur... (Elle s'arrête. Elle se dresse soudain.) Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que jamais personne ne sache. C'est comme s'ils devaient me voir nue et me toucher quand je serai morte. Mets seulement : "Pardon."


LE GARDE

     Alors, je raye la fin et je mets pardon à la place ?


ANTIGONE

     Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t'aime...


LE GARDE

     "Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t'aime..." c'est tout ?


ANTIGONE

     Oui, c'est tout.


LE GARDE

     C'est une drôle de lettre.


ANTIGONE

     Oui, c'est une drôle de lettre. 

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